La chasse de la caille peut se pratiquer avec presque toutes les races de chiens. Certains utilisent avec succès des chiens leveurs de gibier (type cocker par exemple) ou des labradors qui sont parait il assez efficaces, et ne laissent pas le temps à la caille de déployer ses ruses. J’ai même vu quelques chasseurs utiliser leurs chiens courants, ou même des chiens de terrier, pour les lever.
La plus belle chasse (c’est en tout cas mon avis) se fait à l’aide de chiens d’arrêts. Il en existe une multitude de races, qui peuvent toutes convenir à la chasse de la caille, même si le braque français et l’épagneul breton sont les races les plus citées.
On dit souvent que pour cette chasse il faut utiliser des chiens lents, dotés d’une quête très restreinte.
Dans un remarquable article intitulé « Cailles et chiens de cailles » Jean Castaing écrit à ce sujet « On a dit et écrit souvent qu’un chien de caille est un chien de petits moyens: petite quête, petit nez; on prétend même que cette chasse gâte les meilleurs chiens, notamment en les incitant à pister, à porter le nez bas, ce qui leur ferait perdre le goût, et même les moyens de rechercher l’émanation directe. Ce sont là des slogans émanant de chasseurs n’ayant pas vraiment chassé ce gibier, ou se basant sur des principes faux conçus par des théoriciens en chambre. »
L’utilisation de chiens continentaux à quête très courte à pour inconvénient d’obliger le chasseur à monter et à redescendre continuellement le champ. Découper un chaume tranche par tranche peut être long, voire fastidieux.
Cette remarque n’est toutefois valable que pour certaines races de chiens continentaux, ou des sujets peu entreprenants. De nombreux chiens continentaux issus de la sélection des fields, ont une rapidité et une ampleur de quête comparable à celle des setters ou des pointers…
Le principal avantage d’une quête très courte est d’offrir à tout moment au chasseur la possibilité de tirer les oiseaux levés, même accidentellement, par son chien.
Par opposition, les chiens britanniques (mais aussi les continentaux dotés d’une quête moyenne) permettent d’explorer plus rapidement un champ dans sa globalité. Quitte à effectuer par la suite plusieurs passages, en insistant sur les bordures de champ que l’on sait être favorables.
Il y a bien sûr une légère part de risque: il arrive parfois que des cailles s’envolent hors de portée… Quant aux cailles arrêtées, pour peu que le chien sache garder ses distances, l’expérience m’a montré que dans la majorité des cas on a largement le temps d’aller les servir.
Il est vrai en revanche que certains chiens à la quête très rapide et étendue posent problème et ont beaucoup plus de mal à « accrocher » les oiseaux. Ils arrêtent à peine 20 pour cent des cailles présentes, quand d’autres en arrêtent 80. Un simple problème d’entrainement selon certains… Comment expliquer alors la médiocrité persistante de certains chiens malgré leur mise en présence avec des centaines d’oiseaux? Certains d’entre eux -lorsqu’ils sont intelligent et très chasseurs- s’adaptent et réduisent d’eux même leurs allures, dès qu’ils abordent un chaume ou ils ont déjà rencontré des cailles. Il arrive également, et la c’est malheureusement rédhibitoire, que cela provienne d’un manque de qualité de nez.
Le problème provient très certainement des excès de la sélection des field trial et de la perpétuelle recherche de vitesse des éleveurs, mais aussi d’une sélection à sens unique sur la puissance de nez.
Cette dernière, tant recherchée par les éleveurs, n’a rien à voir avec la finesse de nez, ou le « nez d’été », à savoir la capacité d’un chien à trouver du gibier sur des sols desséchés ou par grande chaleur.
Voila pourquoi un bon chien sur perdreaux ne fera pas forcément un bon chien sur cailles… Il vaut mieux donc, si l’on a l’intention de chasser régulièrement cet oiseau s’en tenir à des chiens (qu’ils soient britanniques, ou continentaux) dotés d’une quête moyenne et issus de parents dotés de qualités olfactives adéquates.
L’efficacité au final entre chiens britanniques et continentaux est à peu près identique, et les deux choix restent tout à fait respectables… Le plus important est de choisir une bonne souche au sein de la race choisie (et c’est de loin le moins évident!)
La fragilité de la caille impose des chiens dotés d’une dent douce, sans quoi ces derniers transforment les oiseaux en charpie. Les chiens à la dent dure ont souvent tendance à avaler la caille qu’ils ont abîmé…
Après, c’est le talent individuel du chien qui prime, et le fait qu’il soit mis fréquemment en présence de ce gibier…
Il faut avant tout des chiens très chasseurs, ayant une grande finesse de nez, particulièrement sur sol sec comme c’est le cas à la fin de l’été… Il faut laisser le chien diriger lui même sa quête, et ne pas l’obliger à quêter en lacets réguliers, droit devant lui. Il doit avoir la possibilité d’effectuer si nécessaire des retours en arrière.
Tous les chiens ne sont pas également bons face à ce gibier: il y a des chiens « à caille », au même titre qu’il y a des chiens « bécassiers ».
Le choix d’un chien destiné à la chasse de la caille est plus difficile, car il n’existe pas de lignées établies, ce gibier étant dédaigné par les instances cynophiles. L’amateur devra sélectionner lui même ses chiens et bâtir sa propre souche. Il faudra faire preuve de prudence: un chien qui arrête quelques cailles d’élevage chez un dresseur n’est pas une garantie. Mieux vaut choisir un chien provenant de chez un chasseur local, et issu de parents créancés sur cailles sauvages.
Les qualités du chien à caille peuvent être résumées par cette autre citation de Jean Castaing, malheureusement prophétique quant à l’avenir du chien d’arrêt (elle à été écrite en 1961) « Les aptitudes d’un bon chien de cailles ne sont pas celles qui sacrent les grands champions conventionnels; mais si elles sont différentes, elles n’en sont pas moins de grandes qualités, et elles sont plus rares. (…)Les chiens d’arrêt tendent de plus en plus vers une standardisation de leurs moyens qui rendra bientôt illusoire la différenciation de leurs races. C’est en spécialisant des familles de chiens dans des fonctions particulières que l’on maintiendra la raison d’être de leurs races; au lieu de considérer comme des parents pauvres les chasseurs de cailles et leurs chiens, il faut leur rendre hommage: ils maintiennent la tradition de la chasse française et préservent le chien d’arrêt de l’uniformité. »
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