La migration de la caille des blés
La caille des blés est le plus petit représentant de l’ordre des Galliformes en Europe, et le seul qui soit migrateur. Les oiseaux qui fréquentent les pays d’Europe de l’ouest hivernent d’octobre à février en Afrique.
Un mystère a longtemps plané sur cette espèce… Comment ce petit oiseau, qui répugne à s’envoler lorsqu’il est dérangé (les vols n’excèdent pas 100 à 200 mètres) peut-il effectuer une migration sur des milliers de kilomètres, en survolant la mer, jusque dans le fin fond de l’Afrique?
Vers la mi février, les cailles entreprennent par étape leur migration retour à partir des différents sites d’hivernage africains (sahel) et rejoignent les hivernants des pays d’Afrique du nord, Espagne, Portugal. Les deux principaux points de passage vers l’Europe sont le détroit de Gibraltar vers l’Espagne, et le cap bon (Tunisie) en direction de l’Italie. Dès le mois de mars, les premières cailles franchissent les Pyrénées.
On sait aujourd’hui qu’elles pratiquent la technique du vol à voile, à l’instar des planeurs, et exploitent les courants aériens favorables. Les cailles, lorsqu’elles franchissent la mer méditerranée, rencontrent parfois des vents contraires qui les obligent à se poser sur des îlots (ou même parfois des bateaux). Cela explique que sur certaines îles ou îlots de la méditerranée, des vols de cailles se posent en masse… L’île de Délos, était également appelée « ortygia » (du grec ortyx- l’île des cailles-), pour cette raison. Les oiseaux sont tellement épuisés à leur arrivée qu’il est possible de les capturer à la main, ce qui a donné lieu, des siècles durant, à d’important prélèvements.
Elles commencent à arriver en France à partir du mois d’avril et vont dans les champs de céréales encore verts. La première vague de migration est surtout composée de femelles en quête de site de nidification. Vient ensuite une vague surtout composée de mâle qui arrive dès le mois de mai-juin, suivis de jeunes jusqu’au mois de juillet. Les cailles commencent à nicher à partir de la mi-mai. Après l’accouplement, le mâle quitte la femelle et adopte un comportement erratique. Ce dernier vole vers de nouveaux territoires situés plus au nord à la recherche de nouvelles femelles avec lesquelles il pourra s’accoupler.
A partir de la mi-août, la migration retour vers l’Afrique débute. Avant leur départ les oiseaux accumulent d’importantes réserves de graisse qui vont leur permettre d’entreprendre leur voyage en sens inverse. La migration des cailles s’effectue de nuit, en petits groupes d’une quarantaine d’individus environ. André Chaigneau écrit: « En septembre, les cailles se rassemblent pour partir par vent d’est et clair de lune. Les vieux mâles prennent la tête des voliers et d’un cri aigu indiquent la route. »
Les oiseaux volent à une vitesse comprise entre 40 et 70 km/heure et à une altitude relativement basse (entre 400 et 700 mètres). Ils peuvent ainsi parcourir plus de 500 kilomètres en 8 heures. La date de départ peut varier selon les conditions météorologiques. Les mâles et les femelles adultes partent en premier, suivis quelques semaines plus tard des jeunes. La migration se poursuit au mois de septembre, jusqu’au début du mois d’octobre, en fonction des conditions climatiques.
Il est difficile de prédire à l’avance les passages de cailles, car ces derniers obéissent à des facteurs climatiques complexes. La présence, ou non, de brume, de pluie, mais aussi l’influence de la lune, sont autant de facteurs à ne pas négliger.
Raoul Raynal(1) écrit à ce sujet « La lune était pour nos aïeux un guide précieux. Ainsi, des observations faites par nos grands parents revêtent une certaine exactitude malgré leur ancienneté et ont permis d’établir qu’il ne se produisait pas de migration de cailles par temps brumeux, d’où l’adage:
« Jour de brume,
Point de plumes. »
Par contre, sur cent passages contrôlés (la plupart précédés la veille de pluies ou d’orages), cinquante trois se sont produits dans les trois jours avant la nouvelle lune, trente quatre dans les deux jours avant la nouvelle lune, les autres à des périodes variables. Aucune ne passe le jour même des syzygies (changement de lune). »
(1) Raoul Raynal, « Chasse de Toujours », éditions de l’orée, p.26
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