Poême "La caille" de André Theuriet
Voici un poême de André Theuriet, auteur dramatique, romancier et membre de l’académie française (1833-1907).
Ce dernier a été publié dans le journal « L’illustration », en date du 04/10/1879.
« La caille »
La moisson blonde au vent frissonne;
Les cailles sous l’herbe ont filé,
Et leur appel d’amour résonne
-Caille caillette!- dans le blé.
Quand le ciel pâli se colore,
On l’entend monter au matin,
Bref et sonore,
Et le soir on l’entend encore
Dans la paix du jour qui s’éteint.
Chez ces oiseaux, fils de bohême,
Au gré du hasard on s’unit.
On se trouve un beau soir, on s’aime…
-Caille caillette!- Vite un nid!
Un trou dans la paille séchée,
Voilà le lit à ciel ouvert
De l’accouchée;
Les épis mûrs à la nichée
Donnent le vivre et le couvert.
Hors de la coquille natale
Les cailleteaux s’en vont trottants;
Un fusil part
Cà ! qu’on détale,
-Caille caillette!- il n’est que temps!
Les chasseurs ont un coeur de roche
Et ne font pas grâce au traînard
Dont le pied cloche
Gare au poêlon, gare à la broche
On l’on rôtit, bardé de lard!
Malgré tout, la caille foisonne.
Et, comme pour narguer la mort,
Son appel amoureux résonne
– Caille caillette!- Au sud, au nord.
Rasant d’une aile vagabonde
Les champs et la mer, tour à tour
Grasse et féconde,
A travers le monde à la ronde
La caille chante et fait l’amour.
André Theuriet
Ci dessous une très belle gravure de Hector Giacomelli, qui encadre le poême.
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