Les caillères
Dans un ouvrage intitulé « Chasses en Provence », et publié en 1896,
J-B Samat décrit assez précisément un mode de chasse à la caille très original, et aujourd’hui disparu : les caillères. Cette technique
« mixe » en effet plusieurs modes de chasses entre eux : emploi de cages avec appelants, tir au fusil, battues et utilisation de chien d’arrêts.
« Ce gibier se chasse partout au chien d’arrêt, mais nous avons perfectionné ce sport, en établissant des caillères avec appeaux. Ces caillères sont installées autant que possible sur terrains plans ; celles de Montredon, les plus réputées, étaient faites de petits pins tenus fort bas et taillés régulièrement à environ 60 centimètres du sol ; des allées parallèles les sillonnaient, tout comme dans les tirés de l’état à Marly, à Fontainebleau, à Compiègne. Entre les allées étaient placées des bigues verticales où pendaient à demeure des cages contenant chacune une caille. Ces cages sont perfectionnées de telle façon que l’appeau y soit abrité de la pluie et que l’on puisse lui donner à boire et à manger sans dérangement. Elles sont généralement au nombre de 3 à 6, superposées le long d’une planche en bois, fixées au sommet de la bigue par une armature en fer et un boulon à pivot qui lui permet de tourner au vent en présentant le dos des cages.
Dans certaines caillères, les bigues sont placées isolément, dans d’autres elles sont par paires, par trois, même par quatre. A notre avis, il est préférable de les séparer. Les cailles venant se poser sous les cages, il arrivait souvent, lorsqu’il y en avait beaucoup, qu’on en faisait lever une grande quantité au pied des bigues, et il s’en échappait ainsi un certain nombre, quoiqu’on pût les voir remiser facilement.
On entrait autrefois dans la caillère sans chien et on faisait une battue en marchant avec quelque bruit. La présence des chasseurs, les coups de fusil, en levaient une certaine quantité, et lorsqu’un premier déblaiement était fait, on demandait les chiens et l’on reprenait la caillère en détail pour lever celles qu’on avait laissées et retrouver celles que l’on avait manquées.
La battue commençait à huit heures, pouvait durer ainsi jusqu’à midi et demi ; on la reprenait le soir vers quatre ou cinq heures, toujours avec fruit, car les cailles dispersées ou oubliées le matin se donnaient rendez vous au pied des bigues.
Le renouvellement des oiseaux n’était pas bien difficile, on tendait quelques tirasses (filets en forme de poches) au pied des bigues et on prenait ainsi une quantité de cailles ; on tuait les femelles et on gardait les mâles. »
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