"La caille et le lion"
Voici une très jolie fable africaine extraite du livre « Fables sénégalaises recueillies de l’ouolof et mises en vers français, avec des notes destinées à faire connaître la Sénégambie », rédigé par M. le Bon Roger et publié en 1828.
Le lion et la caille
Un lion plein de feu, daudace et de jeunesse,
Las de sa force et du repos,
Défiait tous les animaux.
« Je ne crains, disait il dans sa fougueuse ivresse,
Ni le monstrueux éléphant
A la trompe terrible, à la dent redoutable ;
Ni limmense Boa, ce reptile géant,
Qui semble un grand palmier renversé par le vent
Ni le crocodile effroyable,
Tyran de la terre et des eaux ;
Ni la formidable panthère,
Féroce sans besoin, par instinct sanguinaire;
Ni lHiene recherchant la nuit et les tombeaux
Pour cacher son il louche et sa faim funéraire.
Je suis le maître de la terre,
Je suis le roi des animaux.
Pour me le disputer nul nest dassez téméraire;
Rien ne peut meffrayer, mémouvoir. » – A ces mots,
Une caille blottie et qui dormait dans lherbe,
Réveillée en sursaut par cette voix superbe,
Sous le pas du lion senvole brusquement,
Décrit ses deux crochets, et fuit comme le vent.
Le lion tout surpris fait un pas en arrière !
Ainsi dun pauvre oiseau le vol précipité
Suffit pour arrêter ce lion téméraire,
Lui qui se proclamait naguère
Seul ne redoutant rien et partout redouté.
Pourquoi tant dorgueil, de fierté ?
Tu bravas en héros les périls de la guerre ;
Oui, mais devant un souffle, un rien, une chimère,
Echouera ta témérité.
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