Le tir de la caille: quelques conseils

15 juin 2007 at 21 h 15 min

Je dois le confesser, n’étant moi même qu’un tireur très moyen, il m’arrive assez régulièrement de manquer des cailles. Je ne me voyais donc pas en situation de donner aux autres les conseils que je n’avais pas su moi même appliquer.
Ce genre de recommandations étant malgré tout utiles la veille d’une ouverture, la saison de la caille étant assez courte, j’ai préféré m’en remettre à des auteurs cynégétiques plus compétents et expérimentés que je ne le suis. Au cours de mes lectures, j’ai trouvé un vieil article consacré au tir de la caille (1). Les conseils donnés par l’auteur, Robert Guinot m’ont paru assez bons, et malgré le temps écoulé (ils ont été écrits en 1946) toujours d’actualité. Aussi ai-je retranscris ci dessous l’essentiel de l’article.
(…) La caille se tire avec du petit plomb, No 8 et 9, dans tous les calibres: la gerbe est ainsi plus « garnie », ce qui n’empêche pourtant pas, assez souvent, de manquer ce gibier… C’est que le vol de la caille, bien que n’étant pas soutenu, est extrêmement rapide: l’oiseau part toujours de très près, mais, après un ou deux crochets de départ, il file en ligne droite à une grande vitesse, et c’est ce qui fait que souvent, on « met derrière ». Il faut, comme principe fondamental, laisser tout d’abord l’oiseau prendre une distance suffisante pour que le coup de fusil ne serre pas trop: 25 à 30 mètres sont une bonne moyenne. Si la caille part devant vous, filant directement vers l’horizon, montez légèrement le canon du fusil jusqu’à ce que vous ne voyiez plus l’oiseau: à cette seconde précise, serrez le doigt. La caille est couverte et reçoit la majeure partie de la charge. Quant une caille vous part en travers, il ne faut pas la suivre avec votre fusil, mais le porter à une distance d’environ un mètre, en avant d’elle et, pour ne pas tirer trop bas, vous faites comme précédemment, c’est à dire que vous relevez le canon, de manière, si vous voulez, que la ligne fictive de tir passe à un mètre en avant de la caille, et à 0.25 mètres environ plus haut que sa ligne de vol. Vous êtes certain, en agissant ainsi, que l’oiseau arrive directement dans la gerbe de plombs et vous n’en manquerez que très peu. Il y a enfin une question sur laquelle j’insiste: beaucoup de chasseurs nerveux au moment du départ du gibier, donnent un coup de doigt trop violent en serrant la détente: comme conséquence, le canon fait un très léger mouvement de haut en bas, mais presque toujours suffisant pour baisser le coup et manquer la pièce. Il faut serrer progressivement le doigt sur la détente, sans à coup, de manière à maintenir votre fusil dans sa ligne primitive de visée: ce n’est qu’en réunissant toutes ces conditions que vous deviendrez rapidement un bon tireur. (…) »

R.Guinot

(1) -Revue Rustica No 27, 07 juillet 1946, Article « Le tir de la caille » de Robert Guinot, P.272

Quand la caille voit ses petits en danger…

15 juin 2007 at 21 h 10 min

Voici quelques années, alors que je chassais dans un chaume de blé vers la fin du mois de septembre, mes deux setters sont tombés à l’arrêt. L’arrêt s’est prolongé quelques instants, puis soudain une caille s’est levée, tentant vainement de prendre son envol au nez des chiens. Une de mes chienne se met aussitôt en devoir d’attraper l’oiseau visiblement blessé. De petits bonds en petits bonds, voici la caille qui s’éloigne, ratée chaque fois d’un cheveu par ma chienne.
Je pose alors mon fusil au sol, et je tente à mon tour de me saisir de l’oiseau qui s’est blotti sous une touffe d’herbe.
A ma grande surprise, la caille, revigorée, fait alors une superbe envolée de plus de trois cent mètres! J’ai bien tenté de ramasser mon fusil en catastrophe, mais mes trois coups sont restés vains (heureusement d’ailleurs)…
J’ai alors réalisé, qu’à l’instar de la perdrix de La Fontaine il s’agissait d’une ruse, très probablement pour protéger une couvée de cailleteaux située à proximité.
Cela correspond exactement aux vers de Jean de la Fontaine:
« Quand la perdrix
Voit ses petits
En danger et n’ayant qu’une plume nouvelle
Qui ne peut fuir encor par les airs le trépas,
Elle fait la blessée, et va traînant de l’aile,
Attirant le chasseur et le chien sur ses pas,
Détourne le danger, sauve ainsi sa famille,
Et puis, quand le chasseur croit que son chien la pille,
Elle dit adieu, prend sa volée, et rit
De l’homme qui, confus, des yeux en vain la suit. »
(Discours à Mme de la Sabliere, « les fables de la Fontaine », Livre X, fable 1).

Cailles des bles et ses petits

Le dévouement de la caille pour ses petits est un fait connu, et raconté à plusieurs reprises dans la littérature. Paul Vialard dans la nouvelle « La caille », Tourgueniev dans une nouvelle tirée de ses souvenirs d’enfance, également intitulée « la caille », racontent tous deux le courage dont les mères savent faire preuve pour sauver leurs petits, allant parfois jusqu’au sacrifice.
Un tres bel article publié dans la revue « Au bord de l’eau, plaine et bois » (décembre 1955) livre un témoignage rare qui montre cet instinct de défense des petits.
 » (…) La caille est très attachée à ses petits, et son instinct maternel la porte à s’offrir en proie au chien ou au chasseur pour essayer de sauver sa progéniture. on connait le vol court et bruyant de la caille, lorsque sous l’arrêt du chien, elle est obligée d’abandonner ses petits. Mais peu de chasseurs ont vu la façon dont elle les assemble avant de les laisser seuls. Mon chien arrêta un jour, dans un pré très ras où la mère avait conduite en quête de nourriture, une couvée entière de treize petites cailles nées six ou sept jours auparavant. Dès la première alarme, la mère, gonflant ses plumes et gloussant, se mit à tourner autour de sa nichée, mais sans perdre de vue le chien. Les petits accoururent rapidement près d’elle, et elle les amena auprès d’une touffe d’herbe plus épaisse; à l’aide de son bec, elle les rassembla et les disposa en forme de poire, avec les têtes toutes unies et les postérieurs en cercle. Après quoi elle s’en alla en piétant, obligeant le chien à la suivre, avant de prendre son vol sur une courte distance. J’ai vérifié deux fois le fait, la mère se comportant chaque fois de la même façon.
Phénomène étrange: alors que le chien sent la caille, même très petite, il ne la sent plus quand elle fait partie de la formation en forme de poire dont il vient d’être question. (…) »

Faut il voir dans cette formation « en poire » une preuve du phénomène de rétention d’odeur? Ce comportement montre bien que, malgré sa petite taille, cet oiseau à un comportement beaucoup plus complexe qu’il n’y parait, et est capable de beaucoup de ruse, surtout lorsqu’il s’agit de protéger ses petits…

Une chasse dangereuse

15 juin 2007 at 21 h 10 min

La chasse à la caille est une des plus dangereuse qui soit: les oiseaux volent en effet dans la plupart des cas à hauteur d’homme (un à deux mètres). Il ne faut donc pas se laisser aveugler par le tir et rester prudent…
Les accidents n’étaient pas rares, déjà à l’époque… La plupart des auteurs cynégétiques du 19ème et du 20ème siècle, lorsqu’ils abordent le tir de cet oiseau, nous mettent systématiquement en garde.
Leurs avertissements restent encore valables de nos jours…
Eugéne-Louis Blanchet écrit notamment: « Le tir de la caille est, je crois, le plus dangereux qui existe. Elle se lève, vole à hauteur d’homme, et presque toujours en tournant autour du chasseur. Malheur au tireur droitier qui ferme l’oeil gauche lorsque l’oiseau tourne dans ce sens. Le champ visuel précédant la caille est aveuglé et le plomb peut atteindre en plein l’ami qui chasse avec vous ou le cultivateur que vous venez de croiser. Jeune chasseurs, apprenez à tirer les yeux ouverts. »
Cette gravure, tirée du « Petit Journal » illustre un triste fait divers, survenu à la suite d’une partie de chasse à la caille en septembre 1900. Bilan: un enfant tué, et un autre blessé à la jambe.

Terrible accident de chasse

Les prélèvements de cailles en France

15 juin 2007 at 21 h 07 min

La chasse de la caille est pratiquée dans cinq pays de l’Union européenne: France, Espagne, Grèce, Italie et Portugal. Sa chasse est interdite dans tous les autres pays .
JC Guyomarc’h l’un des spécialistes mondiaux des l’espèce estime les prélèvements dûs à la chasse dans l’union européenne à 2 152 000 individus. On peut toutefois remarquer qu’à lui seul le tableau espagnol représente 60 % de ce total.

cailles au printemps

Les dates d’ouverture de la chasse de la caille en France sont souvent trop tardives dans de nombreuses régions, et ne permettent pas de les chasser lorsqu’elles sont encore présentes. Dans plusieurs départements ces dates correspondent à l’ouverture générale qui a lieu parfois fin septembre!
Une étude datant de 1999 montre qu’au cours de cette saison la seulement 7,4 pour cent des chasseurs français ont prélevés des cailles, avec une moyenne de 3,1 oiseaux chacun (soit un total de 340000 oiseaux). Cela place la caille au 14eme rang des espèces prélevées en France, soit à peine 1 pour cent du tableau national.
Comment s’en étonner lorsque certains chasseurs doivent attendre l’ouverture générale à la fin du mois de septembre pour pouvoir les chasser? Il est évident qu’à cette période la, la migration touche à sa fin, quant elle n’est pas terminée dans de nombreux départements.
Le problème a en partie été résolu dans certains départements du sud de la France grâce aux dates spécifiques d’ouverture de la chasse à la caille (dernier week-end d’août), qui permettent de la chasser dans de bonnes conditions. Les chasseurs qui y participent sont tenus de remplir des carnets de prélèvements. Il est toutefois dommage qu’aucun PMA (prélèvement maximum autorisé) n’ait été instauré concernant la caille.
On peut malheureusement regretter la diminution de cette espèce sur l’ensemble du territoire depuis les années 50 en raison du machinisme agricole et des traitements phytosanitaires. Même dans les endroits ou les oiseaux semblent encore abondants, les effectifs n’ont plus rien à voir avec ceux du début du siècle. Les différentes études réalisés par L’ONFCS au cours des saisons de chasse 1974-1975, 1988-1989, 1998-1999 montrent une baisse continue des prélèvements. Entre 1974 et 1998, les prélèvements ont été réduits par 4, voire davantage (de 104500 oiseaux prélevés en Haute Garonne en 1974-75 à 24900 en 1998-99).
Cette citation d’Eugène Blanchet (« Queue, tête, Pan! ») laissera plus d’un chasseur rêveur: « Hélas, à quoi attribuer leur absence à l’ouverture depuis un certain nombre d’années? Il y a dix ans encore (vers 1940), je me rappelle un tableau de quarante-deux cailles le lundi de l’ouverture. » Les quelques chasseurs spécialisés ne peuvent aujourd’hui espérer pratiquer de tels prélèvements que sur l’ensemble d’une saison.
Il faut cependant préciser que même si les effectifs de caille tendent globalement à diminuer, ces derniers varient énormément d’une année sur l’autre. Ainsi beaucoup de chasseurs se souviennent des saisons 1997-1998 et 2005-2006 comme des années record en densité de cailles. Ces années exceptionnelles sont parfois suivies de crûs très médiocres. On semble assister ces dix dernières années à une stabilisation, voire à une légère remontée des effectifs. Est ce dû à la disparition progressive des produits phytosanitaires les plus agressifs?

En France les meilleures densités se trouvent sur la rive gauche de la garonne.
C’est en Haute garonne (Lauraguais) que s’effectuent les plus grands prélèvements en France (24900 oiseaux prélevés en 1999). D’autres départements voisins comme le sud du Tarn et Garonne (14000 oiseaux prélevés), le Lot et Garonne (14300 oiseaux prélevés), le Gers (18600 oiseaux prélevés), les Hautes Pyrénées (16200 oiseaux prélevés) bénéficient également de bonnes densités. A noter les département de la Drôme (14100 oiseaux prélevés), des Charente (14700 oiseaux prélevés),et surtout la Charente maritime (20000 oiseaux prélevés), qui se situe en seconde position en matière de prélèvements au niveau national. Localement, certaines zones de moyenne montagne peuvent également être favorables. Les herbus du Mont Saint Michel sont également connus depuis de nombreuses années pour leurs très bonnes densités en caille des blés.

On peut regretter qu’il n’existe pas à l’heure actuelle d’étude globale plus récente, et plus détaillée des prélèvements. Les dernières études effectuées par l’ONFCS ont été pratiquées avec 10 années d’écart… Quelques études plus récentes ont été réalisées à l’échelle d’un département (Lozère par exemple), mais leur caractère très local ne permet pas d’apprécier l’évolution de l’espèce. Autre problème: la présence des cailles varie fortement d’un territoire à l’autre et d’une année sur l’autre. Elle diffère selon la topographie, les types de cultures et nécessite une analyse fine, commune par commune afin de rendre compte des densités.
(voir carte, Source site ONCFS)

carte prelevements caille France (ONFCS)

Les cailles de noël

15 juin 2007 at 21 h 05 min

Certains chasseurs parlent de cailles prélevées parfois très tard dans la saison, jusque fin décembre.
On peut s’en étonner, car la caille des blés est un gibier migrateur qui commence à quitter notre pays dès la mi août, et qui devrait avoir atteint l’Afrique depuis longtemps à cette période de l’année…

Les cailles de Noël (c’est leur surnom) cela existe bel et bien… Voici quelques années, je me rappelle avoir prélevé 7 cailles dans un chaume de sorgho moissonné tardivement en raison des intempéries. C’était un 27 décembre.
Il s’agit tout simplement de cailles sédentarisées. Les raisons de cette sédentarisation sont hypothétiques: des couvées tardives qui ont raté le coche de la migration, une insuffisance d’impulsion migratoire (hybridation avec des cailles japonaises?), le réchauffement climatique qui tendrait à ce que les cailles se sédentarisent en raison de conditions plus clémentes l’hiver (cela reste à prouver).
Le plus dur pour elles est de trouver en hiver un champ, une friche, une bordure de fossé, encore intact qui leur permettent de subsister .
Plusieurs cartes signalant la répartition de l’espèce désignent le sud de la France (et notamment le littoral Provençal) comme faisant partie des zones ou la caille peut résider (du moins lorsque les hivers sont doux). Autre argument enfin: selon ce que j’ai pu lire sur le sujet, jusqu’à 5 pour cent des individus peuvent être naturellement dépourvus d’impulsion migratoire.
Ce phénomène avait déjà été décrit par Pierre Belon (16eme siècle), puis Buffon (18eme siècle), et n’a rien de nouveau.
Les paysans locaux avaient surnommés « Trevadissos » (en occitan) les oiseaux restés après les grands départs d’automne.

Rare sont ceux qui chassent la caille au mois de décembre ou de janvier, et il faut se donner la peine de les chercher. Je l’ai fait pour vous, photo à l’appui… Le 19/01/2007 dernier, après une heure de traque environ, May est parvenu à bloquer une caille dans un chaume d’une dizaine d’hectares (photo ci-dessous de ce dernier à l’arrêt).

Arrêt sur caille

Quelques chasseurs du sud de la France, très spécialisés il est vrai, continuent de chasser la caille jusqu’à la fin du mois de décembre, voire au delà. Même si les oiseaux sont rares, on continue à en trouver quelques uns dans certains chaumes laissés sur pied… C’est une chasse pratiquée par une petite poignée de passionnés.

Principaux biotopes favorables aux cailles

15 juin 2007 at 20 h 50 min

Les prairies naturelles ou artificielles (Luzerne, trèfle, sainfoin, ray-grass, dactyle, brome, fétuque) constituent des milieux favorables pour les cailles. Ce type d’habitat leur permet de se déplacer au sol tout en restant abritées des prédateurs. Il offre également d’excellentes possibilités alimentaires, supérieures à celles des céréales. Les cailles y trouvent de nombreuses graines, mais aussi de nombreux insectes, particulièrement importants pour l’alimentation des cailleteaux. Il est essentiel pour la caille de disposer d’un couvert végétal d’une quarantaine de centimètres.
Même après leur fauche au mois de juin, les prairies repoussent en quelques semaines, et constituent de nouveau un milieu favorable.
A noter que cet habitat ne demeure intéressant que tant qu’il n’est pas broyé par des moyens mécaniques. L’utilisation de moyens chimiques est également très néfaste.
On peut voir ci dessous une ancienne prairie, devenue naturelle au fil des années. Le trèfle, et bien d’autres espèces de graminées y prédominent.

prairie

Autre habitat incontournable de la caille, comme son nom l’indique: les champs de blés.
C’est probablement grâce à eux , et à quelques autres types de céréales ( orge, avoine, sarrasin, seigle, triticale -c’est un croisement de seigle et de blé-…) que l’espèce s’est développée dans le monde.
Ces cultures offrent un habitat qui reste assez tardivement en place dans la saison. L’orge est moissonnée fin juin, le blé à la mi-juillet, et le sorgho et la triticale fin août. La préférence des cailles va au céréales d’hiver qui fournissent un couvert végétal plus important, et plus tôt dans la saison. Le biotope « idéal » est constitué de petites parcelles de céréales variées, bordées de fossés.
Les cailles arrivent en France dès le mois d’avril. Elles se fixent alors principalement dans les champs de blés encore verts. Ils constituent à la fois un abri, et une source de nourriture. Les cailles sont essentiellement granivores. Toutefois, en période de reproduction, ces dernières consomment beaucoup d’insectes (fourmis, coléoptères…).
C’est dans ce biotope que ces dernières vont s’accoupler, couver leurs oeufs, et élever leurs petits. Elles y demeureront après les moissons du mois de juillet, et cela jusqu’au mois d’août, début septembre, époque de la migration retour vers l’Afrique. A moins que les chaumes ne soient prématurément retournés par les agriculteurs, ce qui a pour effet de précipiter leur départ…

champ de blé vert

D’autres types de céréales ( Tournesol, mais, soja) ne sont pas favorables à la caille car elles offrent peu de couvert végétal et de plantes adventices. Quelques cailles se fixent parfois dans les fossés garnis d’herbes en bordure de ces champs en l’absence d’autre possibilités.
Même si les cailles ne vivent pas dans les maïs, elle semblent beaucoup apprécier leur proximité en raison de leur irrigation. Un chaume de blé, bordé d’un maïs irrigué constitue souvent une configuration très favorable. L’utilisation des canons, dont le jet déborde le plus souvent dans les cultures voisines, permet une pousse rapide du couvert végétal, et assure une certaine fraicheur aux heures les plus chaudes de la journée. Autre élément d’explication: JC Guyomarc’h, l’un des spécialistes mondiaux de l’espèce, relève que les femelles ont d’important besoins en eau lors de la ponte. L’irrigation favoriseait des couvées plus nombreuses.

Cailles japonaises: les dangers de l’hybridation

15 juin 2007 at 20 h 30 min

Une sous espèce de caille venant d’Asie, la caille japonaise (coturnix japonica), est couramment élevée en France. Cette dernière, domestiquée depuis longtemps, est facile à élever. C’est la caille de chair que l’on trouve au marché, ou sur l’étal du boucher…

caille mélanique et caille de tir, F.Bérille

Les lâchers de cailles japonaises étant interdits depuis toujours, les éleveurs ont eu l’idée de croiser des cailles des blés et des cailles japonaises. Cette hybridation était destinée d’une part à améliorer les piètres qualités de gibier des cailles japonaises, trop grosses, et quasiment incapable de voler, mais aussi à contourner la règlementation. Rien ne distingue morphologiquement (ou presque) les cailles des blés naturelles de certaines cailles hybrides.
Certaines ACCA, afin de palier à la baisse des effectifs de cailles des blés (coturnix coturnix coturnix), ont procédé pendant des années à d’importants lâchers d’individus hybrides, comme cailles de tir.
Des études ont démontré que les individus hybrides, lâchés massivement dans la nature, sont parfaitement capables de se reproduire avec les cailles sauvages. Pire, les hybrides mâles ont quasi systématiquement le dessus sur les mâles sauvages, gênant leur reproduction. Il résulte de ses croisements une pollution génétique dangereuse pour la caille des blés.
En effet, les cailles hybrides, en se croisant avec les cailles sauvages, donnent des individus majoritairement dépourvus d’instinct migratoire. Du fait qu’ils ne migrent pas, et que les conditions en France leur sont défavorables, peu survivent.
Les cailles des blés sauvages, en se croisant avec eux, n’ont donc pas pu léguer leur patrimoine génétique, et leur population migratrice n’est pas renouvelée.
certains individus hybrides, qui ont conservé un minimum d’impulsion migratoire, et qui parviennent à se rendre en Afrique du Nord, polluent le réservoir naturel de l’espèce situé la bas (formation de population sédentaires). Les individus hybrides qui, sans aller jusqu’en Afrique, ont atteint des zones favorables à leur survie, comme le sud de l’Espagne, tendent également à créer des populations sédentaires…
Seule une étude du chant permet de distinguer les individus hybrides des cailles des blés « Pures », et ainsi évaluer le degré de pollution d’une population.
Rappelons le: les lâchers de cailles japonaises, et de cailles hybrides sont totalement interdits en France. Il ne faut donc lâcher sous aucun prétexte dans la nature des cailles japonaises (ou hybrides) vivantes pour l’entrainement des chiens d’arrêts. D’abord parce que ces cailles volent mal, et qu’elles sont attrapées quasi systématiquement par le chien (qui comprend qu’il n’ a pas besoin d’arrêter pour attraper du gibier: cela l’incite à le « bourrer »), mais aussi parce qu’il en va de la survie des cailles migratrices.
Sources: http://vogelwarte.mpg.de/documents/seb/DeregnaucourtetalApplAnimBehavSci2005.pdf
http://vowa.ornithol.mpg.de/documents/seb/BarilanietalBiolcons2005.pdf

Chasse aux cailles mécaniques

15 juin 2007 at 20 h 00 min

Voici, reproduite ci contre en intégralité, une jolie histoire de chasse qui nous est contée par Louis de Lajarrige, un célèbre chroniqueur cynégétique des années 30. Ce récit à été publié dans la revue « le Chasseur Français » de Décembre 1921.

Chasse aux cailles mécaniques

Pas une caille dans la commune d’Aucun! Alors… on monte le ressort!

Nous sommes partis de fort bonne heure pour chasser la caille. N’oubliant pas la vieille réputation de la vallée d’Azun, nous avions, outre la garniture de nos ceintures rempli nos poches de cartouches de petit plomb, et nous avions gagné les champs d’Aucun, nous proposant de traquer jusqu’à Arras, dans la matinée, et de revenir, après déjeuner, porter notre prise à Arrens.
Nous venions d’entrer dans le premier chaume, pleins de cette légitime confiance qui n’ abandonne jamais un vrai chasseur. Au cours de la route, nous nous étions excités en nous contant les hécatombes de cailles faites les années précédentes, par les chasseurs d’Argelès et par nombre d’Anglais qui viennent à Cauterets chaque saison.
Nous étions tout au plus au milieu du champ, lorsqu’un jeune homme aux fortes moustaches noires, porteur sur le bras gauche d’une large plaque en cuivre jaune et, sur le dos, d’un sac de taille moyenne en
toile grise, émergea d’une aulnaie voisine et nous cria d’une voix forte:
-Messieurs, je vous avertis que vous êtes sur le territoire de la ville d’Aucun.
– Nous le savons bien, répliquâmes-nous. Et puis, après?
– Après? Eh bien, il vous est, au nom de la loi interdit d’y chasser!
– Interdit d’y chasser! reprîmes-nous, moitié plaisants, moitié fâchés. Et pourquoi, s’il vous plaît?
– Pourquoi? Vous allez le savoir…
Et tirant de son sac une large feuille de papier il se mit à lire d’un ton plein d’autorité, après avoir retroussé sa moustache d’un coup de main:
VILLE D’AUCUN
Délibération du Conseil municipal
 » Le Conseil,
« Attendu qu’à raison de l’abondance des cailles dans notre vallée, les chasseurs affluent chez nous de tous les coins de la France;
« Attendu que cette affluence de gens étrangers au pays est nuisible à nos récoltes;
 » Attendu que nos récoltes font vivre nos épouses, nos enfants et nos commettants;
« Attendu qu’il importe de veiller à la sécurité d’icelles ;
« Délibère et, à l’unanimité des voix, décide:
 » Article premier. – La chasse à la caille reste et demeure interdite sur le territoire de la commune.
 » Article 2. – Le garde champêtre est chargé de l’exécution de la présente décision.»
Et, après un repos, il reprit, clignant de l’oeil vers son bras gauche:
– C’est moi qui suis le garde champêtre et j’exécute!
– Par exemple! nous écriâmes-nous. Mais cet arrêté est illégal ! Une commune n’a pas le droit d’interdire ainsi, en bloc, de chasser sur son territoire!…
– Illégal ! interrompit le garde. Je ne sais pas ce que vous voulez dire. Ce que je sais bien, c’est que si vous ne rappelez pas au plus vite vos chiens, si vous ne quittez pas sans retard l’attitude du chasseur qui cherche le gibier, je vais vous dresser procès-verbal. Vous irez, après ça, vous débrouiller à Lourdes, devant le tribunal.
Nous essayâmes de protester, de démontrer… Ce fut en vain.
– J’ai ma délibération, j’ai ma plaque, j’ai une consigne ! répétait le garde.
Et nous ne pûmes le tirer de là.
Mais où sont donc, lui demandâmes nous de guerre lasse, les limites de votre peu hospitalière commune?
– Les voici, nous dit-il en se radoucissant un peu. De l’autre côté, ce sont les champs d’Arrens ; vous pouvez y passer à votre aise, je vous y accompagnerai même si vous voulez. Mais je dois vous avertir: vous n’y trouverez pas une caille !
– Pas une caille ! répétâmes-nous, étonnés.
– Non, pas une. La preuve, c’est que le Conseil n’a pas pris de délibération. S’il y avait eu des cailles, on aurait certainement délibéré à Arrens comme à Aucun. Donc, puisqu’on n’a pas pris de délibération, c’est qu’il n’existe pas de cailles !
– La preuve ne nous paraît pas suffisante, reprîmes-nous en riant.
– Vous verrez, dit le garde toujours sérieux.
Nous abandonnâmes donc les plaines d’Aucun et nous entrâmes dans les champs d’Arrens. Nos chiens travaillaient de leur mieux, les chaumes succédaient aux chaumes, et toujours, pas une caille. Le garde souriait silencieusement dans sa moustache; il traversait les sillons avec nous et causait, tout à fait calmé.
– Je vous dis qu’il n’y a rien à Arrens, répétait-il, de temps en temps.
Si, par hasard, nous ne nous rendions pas bien compte des limites des deux communes voisines et pénétrions ou laissions pénétrer nos chiens sur le territoire d’Aucun, le garde relevait d’un mouvement d’épaules son sac en toile grise, prenait, dans la poche de côté la large feuille soigneusement pliée, l’ouvrait religieusement, s’arrêtait, et, reprenant voix rogue, commençait:
VILLE D’AUCUN
Délibération du Conseil municipal
Le Conseil,
« Attendu…
« Attendu…
Un soufflet qu’on nous eût donné ne nous eût peut-être pas plus fait enrager que cet « Attendu… » intempestif, prononcé d’un ton de maître.
Avec cela, le temps passait. Le soleil montait à l’horizon et nous voyions s’en aller en fumée nos espérances du matin. Qu’allait-on dire de nous, à Arrens, si nous rentrions sans apporter de cailles de ce pays de Cocagne où les chasseurs des autres années en tuaient, disait-on, plus qu’ils n’en voulaient? Que diraient à Lourdes les nemrods gouailleurs et toujours un peu jaloux, lorsqu’à leur question : « Combien? » nous serions forcés de répondre : « Aucune! » Quels éclats de rire! Quelle confusion !
Il nous fallait des cailles à tout prix.
Nous essayâmes sur le garde -j’ai honte de l’avouer- tous les moyens en notre pouvoir.
Un verre de vin, une pièce blanche, un jaunet. Il refusa avec dignité et même, nous semble-t-il, avec une pointe de pitié narquoise.
Décidément, il n’y avait rien dans les champs d’Arrens. Le garde ne nous avait pas trompés. La chose nous paraîssait bien singulière, mais les moeurs du gibier sont si peu connues; et puis, toujours la vieille réputation des chaumes d’Aucun s’imposait à nos souvenirs.
Nous continuions à suivre les champ: éteules, maïs, prairies. Mais, vraiment, nous ne chassions plus. Le garde, fort aimable depuis que nous ne cherchions plus à lu résister ou à le corrompre, bavardait de son mieux. Nous lui répondions à peine, un peu vexés.
Cependant, à bout de patience, mon compagnon, M. L., finit par lui dire:
– Mais, comment diable se fait-il que Conseil municipal d’Aucun prenne maintenant de pareilles délibérations?
Il n’en prenait point de semblables, autrefois, lorsque j’habitais la commune?
– Lorsque vous habitiez la commune!… Alors, je ne me trompe pas, vous êtes bien M. L., notre ancien receveur des postes? Il me semblait vous reconnaître.
– Je suis bien M. L., répondit mon camarade.
– Ah ! monsieur, s’écria le garde, que je suis content de vous revoir! Vous ne vous
souvenez pas de moi, mais je ne vous ai pas oublié : je suis le fils de votre ancienne femme de ménage, la vieille Catherine. J’ai fait bien souvent vos commissions, et même, quelquefois, lorsque le facteur était absent, vous m’avez envoyé porter les dépêches.
Cette recommandation tardive changea la situation.
Quelques paroles de souvenirs échangées de part et d’autre, et le garde nous dit brusquement:
– Messieurs, puisque vous n’êtes pas des étrangers et, surtout parce que c’est vous, M. L., je vais tout vous dire. Mais, d’abord, sifflez vos chiens, retirez vos cartouches, et mettez vos fusils en bandoulière. Des cailles, n’y en a pas une dans toute la vallée d’Azun, pas plus à Aucun, à Marsous, à Arras qu’à Arrens, ou ailleurs:
– Mais la délibération ? éclatâmes-nous.
– La délibération, j’y arrive.
Et, après un moment d’hésitation, il ajouta
– La délibération… c’est de la blague.
Nous voyant ahuris, il continua:
– Autrefois, paraît-il, il y avait beaucoup de cailles dans notre vallée, on y venait passer de tout l’arrondissement d’Argelès et les dépenses que faisaient les chasseurs comptaient parmi les ressources sérieuses de nos montagnards. Depuis assez longtemps, les cailles ont disparu, et avec elles, les chasseurs menaçaient aussi de disparaître. Il fallait parer à cette pénible éventualité.
Notre Conseil municipal, composé d’hommes intelligents, n’a pas hésité, il a pris la délibération que je vous ai lue tout à l’heure, et l’a répandue un peu partout. Cette mesure à suffi pour maintenir chez nous l’affluence des chasseurs.
Soit alléchés par l’innombrable quantité de cailles annoncées, soit attirés par le séduisant appât du fruit défendu, chaque année il en vient, jamais les mêmes, mais en très grand nombre, et nos ressources ne sont pas diminuées.
Le Conseil a encore imaginé autre chose, sur l’avis d’un de ses membres qui a, paraît-il, fait son service militaire dans les environs de Tarascon.
Et, tout en parlant, le garde tirait de son sac trois paquets soigneusement enveloppés de vieux journaux.
C’étaient trois cailles superbes, en parfait état de conservation.
– Eh bien ! nous écriâmes-nous, d’où viennent celles-là ?
– Prenez patience, messieurs. Ce sont des cailles mécaniques que je porte toujours sur moi par ordre du Conseil. Lorsque les chasseurs sont trop ennuyés de ne rien trouver, je monte le ressort, les bêtes partent, parcourent un assez long trajet, et les visiteurs de la vallée s’exercent sur elles au tir. J’ai vu des Anglais qui ont gagné ou perdu, là-dessus, de fort gros pari.
– Dirai-je le reste. Eh bien! tant que j’y suis, je vous avouerai que nous limes monter, pour nous, le ressort des cailles et que, jusqu’à midi, nous nous exerçâmes, non sans quelque succès, à ce sport d’un nouveau genre…

Identification de l’oiseau

15 juin 2007 at 18 h 40 min

La caille des blés vit en milieu ouvert dans les prairies et les champs de céréales.
Son observation en milieu naturel est difficile, car il s’agit d’un oiseau de petite taille qui vit quasi constamment sous les herbes, dans les chaumes. On ne peut l’apercevoir que rarement à découvert.
L’utilisation de chiens d’arrêt n’est pas une garantie d’observation de l’oiseau au sol. On ne l’aperçoit qu’à l’envol la plupart du temps. L’excellent mimétisme de la caille lui permet de se cacher, même dans un chaume clairsemé. Il peut arriver parfois de la voir blottie, mais c’est loin d’être systématique…
Le premier contact avec cet oiseau est souvent le même: alors que vous marchez dans un chaume, une caille part au dernier moment dans vos pieds à l’instant ou vous vous y attendez le moins.
Le bruit à l’envol est caractéristique: « Un coup de sifflet aigu, strident, argentin », comme l’écrit Cassassoles.
On peut essayer de rechercher les discrètes dépressions ou les cailles prennent leur bains de poussières. Le moyen le plus facile de repérer leur présence reste leur chant caractéristique, le fameux « paye tes dettes! ».
Il y a encore quelques décennies, le chant de la caille était entendu partout dans les campagnes, et connu de tous. Cela explique sans doute les nombreuses appellations dont il a fait l’objet. On dit de la caille qu’elle courcaille, carcaille, cacabe, margotte, margaude, pituite.
Le chant le plus aisément identifiable est celui émis par les mâles célibataires.

Caille des blés 5/06/2011 par blogobs
Ces derniers essaient d’attirer à eux les femelles. Celui des femelles est beaucoup plus discret. On peut entendre le chant des cailles assez fréquemment, d’avril jusqu’en août. La fréquence du chant augmente le soir, et dure parfois une partie de la nuit.

chant d’un mâle caille des blés

chant d’une femelle caille des blés

(Enregistrements : Anne PINCZON DU SEL – BRULÉ, J.C. GUYOMARC’H, Patrick MUR)

De par sa forme, la caille des blés ressemble à une perdrix grise en miniature. Le dos est de couleur brun cendré, avec des raies transversales de couleur roussâtre, et des traits d’un blanc jaunâtre. Le dessus de la tête est brun, avec trois bandes jaunâtres (deux sur les côtés, une plus fine au milieu).
(De gauche à droite: tête mâle et tête femelle)

male caille des blésfemelle cailles des blés

Le dessous du ventre est de couleur légèrement rousse.
Il existe un dimorphisme sexuel relativement discret entre les mâles et les femelles. La façon la plus sûre de sexer mâles et femelles demeure l’observation de la gorge. Le mâle présente une gorge de couleur roux orangé, avec deux bandes noirâtres, tandis que celle des femelles est à dominante blanche, mouchetée de brun foncé. (cf dessin ci contre: fig 1 mâle, fig 2 femelle, fig 3 oeuf, fig 4 poussin)

Caracteristiques

Les mâles sont de taille sensiblement égale aux femelles .
Il peut exister des variations entre les individus au niveau de la coloration. On peut voir sur la photo ci dessous deux mâles côte à côte. Le mâle de droite présente un ventre de couleur roux « classique », avec des barres noires peu dessinées sous la gorge (presque grises), tandis le ventre du mâle de gauche ne comporte que peu de roux. On peut également voir au niveau de la gorge qu’il présente une importante tâche noire.

Comparaison gorge 2 mâles

On peut voir ci dessous par opposition la gorge d’une femelle qui est de couleur blanche, mouchetée de brun et de noir.

Gorge caille femelle

Le bec est de couleur gris brun, et les pattes sont de couleur rose chez l’adulte (jaune pour les jeunes immatures).
Les oeufs quant à eux sont pondus dans une petite dépression garnie d’herbes sur le sol. Ces derniers ont une couleur jaunâtre et sont couvert des grosses tâches brunâtres et irrégulières. Ils sont assez semblables à ceux de la caille du japon que l’on peut trouver couramment dans le commerce.

Gastronomie et recettes de cuisine

15 juin 2007 at 14 h 15 min

La caille est un oiseau consommé par l’homme depuis la plus haute antiquité (et probablement même bien avant…). Les témoignages sont partout:  bas reliefs égyptiens, récits bibliques, auteurs grecs et romains….
Les cailles sont en effet très réputée pour leur chair et constituent un mets de choix, particulièrement au moment de leur migration, lorsqu’elles accumulent d’importantes réserves de graisse pour pouvoir accomplir leur voyage.
J’ai essayé de rassembler dans cette rubrique des textes concernant la caille et sa gastronomie, mais aussi quelques recettes de cuisine.
En vous souhaitant à tous un bon appétit!

gravure extraite ouvrage De la caille, de Jozsef C. Dobos