Albert Merat, la caille
Albert Merat (1840-1909) est un poète français.
Ce dernier a publié en 1880 le recueil « Poemes de Paris, Parisiennes, tableaux et paysages parisiens » dont le poème ci dessous est extrait:
La caille
A Anatole France
Bien des matins quand je passais
Au même tournant de la rue,
Dans ce cadre gris à lexcès
La campagne mest apparue
Une caille près dun rosier
(Le printemps venait de renaître)
Chantait dans sa cage dosier
Sur le rebord dune fenêtre
Un irrésistible désir
Porte sans fin vers la lumière
Laile sans espace à saisir
Laile obstinée et prisonnière.
Dans ces cages aux barreaux blancs,
Sans la toile qui clôt leur faîte,
Aveugle et fou dans ses élans,
Loiseau se briserait la tête.
Il veut sa claire liberté,
En sépuisant à cette lutte,
Il chante et jette au ciel dété
Ses trois douces notes de flûte.
A paris, dans le bruit banal
Ce chant doiseau charmait mon rêve
Au feu du soleil matinal
Je voyais le blé vert qui se lève
Javais les pieds dans les genêts
Et sur mon front lazur superbe
Les fleurs des prés, que je connais,
Souvraient comme les yeux de lherbe.
Bien mieux encor que dans les chants
Du bouvreuil et de la linotte,
Cétait le poème des champs
Évoqué par la triple note.
Je passe encor là quelquefois
La fenêtre est toute pareille
-Quest devenu loiseau ? Sa voix
Narrive plus à mon oreille
La prison, ce mortel tourment,
Plus ou moins vite blesse et navre,
Un matin sest, clair et charmant,
Levé sur le léger cadavre.
Commentaires récents